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6. L’année 1998

1. 163 titres, dont 106 « nouvelles », auxquelles il faut ajouter ces 9 titres où se lit « nouvelle » » en quatrième de couverture, dans le corps du texte…, de recueils sans étiquette terminologique : « onze nouvelles » (G. Bouhan, Des rivages sous la pluie, H. B. Ed., dossier de presse), « ces quatre nouvelles » (H. Danon, Les Appelantsibid.), « cinq petites nouvelles « (Fr. Guiry, …Et de Laive et d’Alban, Ed. .Mémoire Vivante), ces 2 titres de recueils de récits : « L’auteur se décide à sortir de ses tiroirs ces nouvelles datées écrites depuis de longues années. » (J. Frigiotti, Une femme toute simple et deux autres récits), » onze nouvelles d’écrivains contemporains » (Olà !, récits et fictions courtes, Le Serpent à plumes), ces 2 titres de « roman » (voir plus loin à propos de cet usage si particulier) : « ces (13) nouvelles » (A. Auboneuil, Le Bouillon de Sylvain, roman, Ed. Double Interligne), (8) Nouvelles bizarres, roman de J. Cayrou (Ed. de La Bruyère), ces 2 titres parus dans des collections de nouvelles : G. Chrétien, A l’ombre des sorbiers, suivi de Alexandre ou les quatre âges, récits (Cahiers Bleus, « Nouvelles »), Les Ironies du sport (Hachette, « Court toujours ») – soit le total, à ce jour le plus élevé, de 116 « nouvelles ».

Remarque : « nouvelle » figure encore trois fois dans des étiquettes doubles : Histoires à n’en plus finir, contes et nouvelles de M. Petit (Stock), Le Couloir des brumes, nouvelles, histoires d’amour inavouées entre rêve et réalitéde Ch. Couture (Le Pré aux Clercs), La Nuit des rameaux, récits, nouvelles de J. A. Colin.

 

2. Le temps est de moins en moins à la longue nouvelle ; 3 exemples seulement ! : une nouvelle de 140 p. (in Jeanne et Félix, récits, Ed .de L’Armaçon, de Fr. Farley), deux approchant la centaine (in Jeanne et Félixibid., et Des pas dans la salle, trois nouvelles, L’Amitié par Le Livre, de B. Chaudray). Comme si elle n’avait plus à être précisée, définie, la brièveté, une des grandes caractéristiques du genre en cette fin de siècle, est rarement mise en évidence : « cinq petites nouvelles » (Fr. Guiry), « les histoires courtes qui vont suivre » (Lapeyssonnie, Célestement vôtre, recueil de fausses nouvelles), « ces sept récits courts » (R. Rousseau, Dolorès intima, nouvelles), Ola ! récits et fictions courtes, « Je voudrais tellement faire court et tellement tout dire. » (G. Mazuir, Toutes blessent, la dernière tue, nouvelles, Ed. Bérénice). Mais ils ne seront cependant que deux recueils à présenter un recueil de textes supérieur à 25 : Des mensonges gros comme le risque, Editinter, de Ch. Congiu (46) et Si loin de nulle part, Les Belles Lettres, de J. Sternberg, qui, on le sait, avec plus de mille textes à son actif, est le spécialiste du bref (153, dont 43 de recueils précédents). Par contre, le titre de deux collections de nouvelles insiste clairement sur cette spécificité : « Côté courts », « Court Toujours ». En cette année, en outre, paraissent seules 11 nouvelles, sous forme d’un mince volume, dont 5 dans la collection « Nouvelle » aux Ed. du Rocher au format de poche : Classe terminale, nouvelle de Fr. de Martinoir (62 p.), Trente élèves pour un rêve, nouvelle de M. Jibaut (28 p.), La Secrète, nouvelle de E. Mère (23 p.), Les Moutons de Kerhop, nouvelle de J. Taurant (18 p.), L’Aller-Retour, nouvelle de B. Tettelin (7).

En cette fin de siècle, nouvelle=histoire. D’où la présence du terme dans les titres : Trois histoires très naturellesDes escargots, des mouches et des orchidées, A. Michel, de A. Bay, Bouquet d’histoires surnaturelles, Ed. des Ecrivains, de D. K. Trunk, Sol en si, histoires d’enfance, Laffont ; et quand il y a recours à plusieurs étiquettes c’est « histoire » qui apparaît comme le mot-clé : Le Couloir des brumes, nouvelles, histoires d’amour inavouées, entre rêve et réalité de Ch. Couture, Histoires à n’en plus finir, contes et nouvelles de M. Petit, « Cela fait huit récits ou nouvelles, huit histoires » (L’Or du temps, nouvelles, Laffont, notice au verso). Les auteurs sont nombreux à mettre en avant le caractère anecdotique de leurs textes : « C’est une histoire qu’on m’a racontée. » (J. P. Borel, Douze doux amours, (paranoïaques) récits, p.97), « …n’anticipons pas : à toute histoire, il est un début. » (F. H. Fajardie, Les Neuf cercles de l’enfer, nouvelles, Les Belles Lettres, p.15), « …l’histoire que je viens de raconter »(Fr. Farley, Jeanne et Félix, récits, p .155), « C’est une histoire que je n’avais pas l’intention d’écrire. » (A. Paradis, Marronnages, nouvelles, Ibis Rouge, p.89) – les nouvelles de Parking de filles, POL, de L. Giraudon sont elles sous-titrées « histoires » ou de ce curieux néologisme(?) « stoire » (« A chaque histoire correspond, dans une sorte de partie immédiatement reprise en « stoire ». Aucun tirage, au sens photographique . », notice au verso). Si le recours au cadre n’est plus décidément de mise (une fois : « Je ne sais pas si cette histoire est vraie, mais j’accorde un certain crédit à Paul qui me l’ a racontée. », M. Rousseau, Dolorès intima, nouvelles, p.7), la chute, par contre est tenue pour un élément-clé de la nouvelle-histoire comme l’affirme D. Daeninckx en préface à Toutes blessent, la dernière tue, nouvelles de G. Mazuir : Attention, chute de nouvelles : « On peut croire que la nouvelle procède par surprise. En vérité, elle est comme aspirée par la phrase, le mot qui la clôt. C’est un texte cannibale, vampirisé par sa proche chute. » La lecture du recueil de M. Petit nous apprend beaucoup sur la réflexion d’un nouvelliste de la fin du XXe siècle, qui ne s’est jamais voulu un conteur au sens traditionnel du XIXe siècle, aux prises avec l’acte de raconter : « Les vieux Sages disaient que lorsque tout paraît perdu,que celui à qui l’on parle n’est plus en état d’entendre des arguments,on peut encore au moins raconter une histoire. Distraire et instruire, telle est depuis toujours la mission des contes, par lesquels les hommes s’approprient les mythes et, en jouant de ruse et d’ironie, les déterminent du ciel vers la terre. Mais, quand, dans un monde sans finalité, celui qui n’en sait pas plus que ceux qui l’écoutent quelle sorte de récit est possible ? ». A l’opposé, la nouvelle-instant (« La notion d’instant a beaucoup servi à caractériser la nouvelle moderne. », XYZ, la revue de la nouvelle, n°54) trouve plus d’adeptes qu’au cours des années précédentes (qu’en sera-t-il en 1999 ?) : Un jour, une heure (J. Chirpaz, Chemins d’errances, H. B. Ed.), « Encore une journée à jeter à la poubelle. », p.119 (B. Comment, Même les oiseaux, nouvelles, Bourgois), Soirées blanches, Ed. du Rocher, de M. Lambert, Piano-Bar à 22 h (J. Layani, On n’emporte pas les arbres, nouvelles, L’Harmattan), Le Soleil des beaux dimanches, nouvelles, Ed. du Rocher, de P. R. Leclercq, « Il y a des heures bleues propices à la rêverie amoureuse, des heures où passé et présent se penchent dans l’instant. » (Fr. Urban-Menninger, Les Heures bleues, nouvelles, Editinter, p .52). Quant aux exemples d’emploi de « nouvelles « pour désigner des textes à la limite du récit, du poème en prose, etc., leur nombre reste stable : « Nouvelles ? évocations ? méditations ? » (G. Berger, Au bord du noir, L’Age d’Homme, notice au verso, La Montagne des cent langues, et autres nouvelles 1993-1995, Ed. des Ecrivains, de S. Ferrat, Oiseau de la nuit, nouvelles, A. Michel, de G. Hocquenghem).

Quelques constantes, au rayon des particularités :

  • le jeu sur les termes : Des bonnes nouvelles d’Alger, Ed. Baleine, de C. Amari, Nouvelles du Nord, Presses de la Cité, de M. P. Armand, Nouvelles d’Algérie, Grasset, de M. Bey, Pas de nouvelles de lui, L’Harmattan, de N. Raphanel, Donnez moi donc de vos nouvellesibid., et Célestement vôtre, recueil de fausses nouvelles de Lapeyssonnie.
  • les rapports roman-nouvelle, très éclairants en cette année, en ce sens que, pour certains, être nouvelliste ce serait comme être un romancier qui n’aurait pas pu s’exprimer ou qui attendrait de s’exprimer : « L’Archipel, récit admirablement maîtrisé et construit, confirme que (l’auteur) est désormais prêt pour le roman. » (Emergence (2) récits de J. P. Planque et P. Raveau ). Ou le recueil n’est qu’un roman inachevé : « Il s’agit en réalité d’extraits d’un seul et unique roman jamais édité jusqu’à ce jour, et qui m’a accompagné durant plus de vingt ans. » (A. Durussel, Notre Marienbad, nouvelles, L’Age d’Homme, p.57). Ou la nouvelle n’est qu’un morceau de roman supprimé : « M. H., où en sommes-nous avec le temps < La Grosse (1994) (Fr. Lefèvre, Les Larmes d’André Hardellet, nouvelles, Ed. du Rocher, ). Ou la nouvelle reprend un thème d’un roman précédent : « Dans son roman Horn (1996), le narrateur nous entraînait près de Madras, au bord d’une plage dans la maison de son enfance. Il nous invite ici à la visiter « une dernière fois », prétend-il. » (L. Luna, Quatre vases de sable, nouvelles, Ed. de La Différence, notice au verso). Ou la nouvelle réutilise les personnage d’un roman antérieur (J. Cl. Izzo, Vivre fatigué, nouvelles, Librio). Désigner par « roman » un recueil de nouvelles participe en fait d’une même intention : refuser les frontières entre les genres – un usage, je le rappelle, courant mais non fréquent tout au long du XXe siècle.
  • le recueil (le mot même apparaît quatre fois dans les titres ) : une fois il y a refus du recueil-ensemble : « Cinq petites nouvelles qui s’ignorent les unes les autres. » (Fr. Guiry, …et de Laive et d’Alban)

 

3. En cette année, les nouvellistes tirent toujours leurs sujets des mêmes sources d’inspiration mais dans des proportions différentes :

  • plutôt le quotidien particulier (une bonne quarantaine de titres) que le quotidien ordinaire : Douze doux amours, (paranoïaques) récits de J. P. Borel, Des rivages sous la pluie de G. Boulan, un des meilleurs titres des Ed. H. B., Nouvelles bizarres, roman de J. Cayron, Même les oiseaux, nouvelles de B. Comment (la Suisse : Les Fourmis de la gare de Berne), Le Couloir des brumes, nouvelles histoires d’amour inavouées entre rêve et réalité de Ch. Couture, Libido omnibus et autres nouvelles du divan, L’Arpenteur, de Fr. Gantheret, Sorcières ordinaires, Calmann-Lévy, de M. Gazier (« Cette femme était le diable. Elle me donnait le vertige et le frisson. », p.135), Célestement vôtre, recueil de fausses nouvelles de Lapeyssonnie (avec… Deux contes de la Bécasse) – à noter trois titres sur le monde de l’enseignement, dont Trente élèves pour un rêve de M. Jibaut, Mystères d’école et d’ailleurs, nouvelles de P. Gougeon. Un quotidien particulier qui verse dans l’exotisme : Destins de vent et de poussière de M. M. Th. Baptiste (le Viêt-Nam), Ecrans d’Asie, nouvelles, L’Harmattan, de G. Hôlin, Quatre vases de sable, nouvelles, de L. Luna (Madras, Egypte, Anatolie), Aventures en Birmanie, nouvelles, Ed. Kailash, Pondichéry, de P. Maret. Un quotidien particulier qui s’inscrit dans un cadre régional : Des rivages sous la pluie de G. Boulan (la Normandie), Le Port du potier, nouvelles, Ed. La Bruyère, de Y. Castel la Bretagne), Soleil Nord, nouvelles de Ch. Lippinois (« Sept nouvelles de la vigne au fleuve, de Bordeaux au Verdon. », notice au verso).
  • plutôt le quotidien actualisé (avec des textes de qualité parce que forts) que le quotidien social (Marronnages de B. Paradis, Pas de nouvelles de lui de N. Raphanael, Ravaudage au pays du ménage et autres nouvelles, Ed. Noir sur Blanc, de L. V. Tahar). Avec deux grands thèmes. 1. l’Algérie, son présent, son passé : « C’est fou, ce pays. il y a cinq minutes, tu allais te faire tuer. Et maintenant, tu ris, parfaitement ivre. » (C. Amar, De bonnes nouvelles d’Alger, p.25 – le titre est évidemment ironique), « Donner la parole aux morts, disait-il, et faire comme si demain était possible. » (M. Bey, Nouvelles d’Algérie, p.128), « Un médecin ? disait-elle. Non, je suis Algérienne, et je ne peux, ni ne veux m’en guérir (de son chagrin). » (R. Doukhan, L’Arrêt du coeur, nouvelles, Denoël, p.131), Cheval d’enfer et autres nouvelles, Editinter, de J. B. Papi. 2. les année 90 : Passages d’enfer, nouvelles, Denoël, de D. Daeninckx (« Elle ressemblait à Adjani jeune. », p.50), Les Neuf cercles de l’enfer, nouvelles de F. H. Fajardie (La Mort d’Andouille : une pauvre fille se fait écraser dans le tunnel du pont de l’Alma…), « Il avait la gueule du comédien qui jouait dans un film de Wenders. » (J. Cl. Izzo, Vivre fatigué, nouvelles, p.15), Toutes blessent, la dernière tue, nouvelles de G. Mazuir, « Dernière décennie du vingtième siècle. » (H .Mestron, Le Coup de mailloche, nouvelles, Ed. Méréal, p.43), L’Arche de Noé, H. B. Ed., de Fr. Povini-Siguillot), Un jour je serai latin lover, nouvelles, L’Atalante, de M. Villard.
  • plutôt le quotidien sentimental que le singulier (A. -Bay, Trois histoires très naturelles : Conseils à ceux qui voudraient devenir escargots, L. Negél, Tanat, nouvelles, Ed. de L’Agly – « A l’extrémité des terres, là où commence la Grande Mer qui, au-delà de l’horizon, se déverse dans les Enfers. », p.83, M. Petit, Histoires à n’en plus finir, contes et nouvelles) : « …je me suis installé en face d’elles, et je les ai réimaginées, moins pour régler un compte avec le sentiment que pour faire le point sur mes sentiments. » (D. Borde,Cinq femmes, nouvelles, Séguier, avant-propos), Une vie sans secret, nouvelle, Ed. du Rocher, de M. Cerf, « Le plus souvent lorsque je commence à écrire, un peu au hasard, cela correspond au besoin d’emmailloter mon ennui, de cerner quelque secrète inquiétude jusqu’à ce que le tracas, grave ou futile, transparaisse au travers des mots. » (H. Danon, Les Appelants, p.7), « Ma vie bascula le 8 mars dernier, exactement à 15 heures 13. » (G. Fournier, L’Ordre secret des choses, H. B. Ed., p.9), Il ne s’est rien passé, nouvelles, Fayard, de P. Laîné, Soirées blanches nouvelles de M. Lambert, et les auteurs se placent dans une tradition riche en noms : « Voilà peut-être dans la lignée de Virginia Woolf, de Katherine Mansfield, ce qu’on pourrait dire du travail de nouvelliste de Fr. Urban-Menninger. » (Les Heures bleues, nouvelles).

1998 confirme un certain retour du fantastique (par le nombre, moins par la qualité) :

  • un fantastique traditionnel : Images d’outre-monde, nouvelles, Ed. de l’Agly, de O. Bidchiren, Le Miracle de la neige, nouvelles, Ed Pierron, de P. Borghero, Bouquet d’histoires surnaturelles de D. K. Trunk (« …je sais que je suis mort. », p.38), Fils de vampire, douze méfaits divers, nouvelles, Ed. Infrarouge, de R. Villeneuve, Les Contes de la Balance, Ed. Dricot, de R. Vinçotte, Contes d’ailleurs, Ed. de la Voûte, Coups de plumes, Bruxelles fantastique, Ed. Devillez.
  • un fantastique insolite : Des mensonges gros comme le risque de Ch. Congiu, (T’avais qu’à pas vieillir), Le Verger Editeur, de P. Garnier.
  • un fantastique allégorique : Coeur contre coeur : contes d’amour et d’eau fraîche, Ed. Opéra, de G. Lebouteux.
  • la science-fiction est toujours aussi peu représentée : Si loin de nulle part de J. Sternberg, Recueil de 16 nouvelles (inédites) de Science-Fiction de M. Peron, un collectif : Escales sur l’horizon, seize grands récits de science-fiction, Fleuve Noir, par S. Lehman – des textes de « science- fiction politique » se lisent en outre dans des recueils du quotidien actualisé : de D. Daeninckx (L’Ecran crevé : il ne diffuse qu’un seul programme, Robin des cités : un HLM dans le futur), de Th. Jonquet (« Ce fut bien le feu qui mit fin à nos jours, le 26 août 2128. », La Vigie et autres nouvelles, L’Atalante, p.118) – et une première : un collectif de « nouvelles de Fantasy » : Dix-huit grands récits de merveilleux, Fleuve Noir, par M. Leovenbruck et A. Nivant.

sont peu présents par contre en 1998 :

  • la nouvelle policière avec 3 collectifs : Du lit au ciel, nouvelles, L. Wilquin, Noires de Pau 3, Ed. Gave Noir, Délires en noir, Librairie des Champs-Elysées.
  • la nouvelle érotique (avec des titres communs, sauf le 3) : un collectif : Contes érotiques d’hiver, La Musardière, deux recueils signés de femmes : Trois nouvelles érotico-fantastiques de M. Leconte (« Fantastiques : certes…Mais Erotiques : oui, très… », notice au verso), Oeil pour oeil, nouvelles, La Musardière, de V. Lou.
  • le rire, avec de bons titres : Les Ogres anonymes, suivi de L’Effaceur. Deux contes, Grasset, de P. Bruckner (« A propos, vous n’auriez pas vu ma petite fille ? Ca fait tout de même deux mois qu’elle n’est pas rentrée . Son biberon va refroidir. », p.69), Panier de fruits, nouvelles, Ed. du Rocher, de Ph. Delerm (les mésaventures d’un écrivain raté qui en est réduit à concevoir de ridicules slogans publicitaires), Grand Chelem à coeur, nouvelleibid., de J. Dutourd (La Marquise sortit deux fois à cinq heures) – sans oublier la fantaisie littéraire : Le Dieu devenu homme, nouvelles, Le Cherche-Midi, de D. Zimmermann, où les héros de quatorze récits s’appellent Nodier, Balzac, Stendhal, Sue… et surtout Dumas – à noter dans ce registre la référence à M. Aymé : « …M. Aymé – à qui elle fait souvent penser. » (A. Auboneuil, Le Bouillon de Sylvain, roman, notice au verso), « …(le) ton navigue surtout entre humour allègre est surnaturel. Marcel Aymé n’est pas loin. » (A. M. Castelain, Les Voleurs de soleil, nouvelles, notice au verso)

 

4. Quels sont ces nouvellistes de l’année 1998 ?

  • des nouvellistes par tempérament : D. Daeninckx, F. H. Fajardie, M. Lambert, M. Petit, J. Sternberg, M. Villard, D. Zimmermann, et A. Saumont, tenue, selon moi à tort, par une certaine critique journalistique ou universitaire, pour la nouvelliste la plus représentative de cette fin de siècle, et qui en est à son seizième recueil !

    Remarque : G. Cherpillod, un Suisse, en publiant La Cloche de minuit et autres contes (12) persiste dans son rejet de la nouvelle : « … sans dédaigner chez d’autres la nouvelle [il] s’interdit toutefois d’en composer depuis qu’il s’est permis de prendre la plume . » (notice au verso), rejet – difficilement explicable ! – qui date de …1977 : « Ce récit, malgré sa brièveté, n’est pas une nouvelle : l’auteur s’est engagé sur l’honneur à n’en écrire jamais. », La Bouche d’ombre, L’Age d’Homme, notice au verso)

  • des nouvellistes qui confirment : B. Comment, H. Mestron, Raharimanana
  • des nouveaux noms : G. Berger, G. Boulan, H. Danon, G. Mazuir – on notera ici la profusion des premiers recueils
  • des noms connus qui se mettent à la nouvelle : P. Bruckner, M. Cerf, Ph. Delerm, M. Gazier, J. Cl. Izzo, Th. Jonquet, P. Laîné, B. Pingaud
  • des nouvellistes qui se remettent à écrire : O. Bhély-Quénum, Ch. Congiu, J. Dutourd, P. Garnier, J. Malzac, J. B. Tati-Loutard

    Remarque : H. Skif, avec Citrouille fêlée, dit Amar, fils de mulet, nouvelles, donne une suite aux Nouvelles de la maison du silence (1986) avec cette particularité qu’il s’agit d’un recueil – une première à ma connaissance- sur Internet : http.//www.ooh.oo.com

  • du point de vue de l’édition, on constate que les « grands » éditeurs sont plus nombreux que les années précédentes à publier des recueils : 1 chez Fayard, Stock, Seuil, Mercure de France, Calmann-Lévy, Presses de la Cité, 2 chez Julliard, Denoël, Laffont, A. Michel, L’Age d’Homme, 5 chez Grasset, 6 au Fleuve Noir, mais…1 chez Gallimard ! – les « petits » sont à présent quelques-uns à publier régulièrement des recueils : HB Ed. (5), Ed. des Ecrivains (5), L’Harmattan (5), L. Wilquin (3), les Ed. du Rocher (6 dans la collection « Nouvelle », et de plus en plus de recueils : 5)

 

5. La vie de la nouvelle en 1998, c’est encore :

  • des collectifs (23), dont plusieurs issus de concours (8), par exemple L’Atelier imaginaire et Clin d’œil à la nouvelle.
  • une anthologie : Short French Fiction. Essays on the short story in France in the Twentieth French Century(University Press of Exeter – textes, qui privilégient d’abord le nom, de Sartre, M. Aymé, Camus, M. Yourcenar, S. de Beauvoir, M. Tournier, M. Duras (!) – avec un article de J. E. Gratton : “From the Nouvelle to the « Nouvellistique »”)
  • des florilèges : J. L. Bouquet, Les Filles de la nuit, Fleuve Noir, « Bibliothèque du Fantastique » (5 textes des Filles de la nuit, 1978, 10 des Mondes Noirs, 1980), M. Schneider, Divinités du styx, contes fantastiques, Grasset (12 textes, de 5 recueils antérieurs et 2 inédits – avec une préface, remarquable, de G. O. Châteaureynaud : « Marcel Schneider, le maître du domaine », p.9-23), J. Sternberg, Contes glacés, Ed. Labor (99 textes sur les 270 de la première édition en 1974), M. Villard, Retour au Magenta, nouvelles, Le Serpent à plumes (20 textes de 3 recueils antérieurs) – Etrange planète, Omnibus, de P. Boulle regroupe 7 romans et E=MC2 et autres nouvelles, soit 8 textes des 3 premiers recueils de l’auteur, avec un article de J. Goimard : « La Planète Boulle : une science-fiction sarcastique, p.1002-1021, dont « II. Mieux qu’un exercice : les Nouvelles », p.1008-1012)
  • des rééditions : l’intégrale des recueils, 1991, 1992, 1994, 1996, de B. Beck, Guidée par le songe, nouvelles, Livre de Poche n°15031, J. M. Comte, Les Rizières du Bon Dieu, L’Harmattan (1966), F. H. Fajardie, Mort d’un lapin urbain, nouvelles, Les Belles-Lettres (1985), un second volume de Nouvelles en trois lignes de F. Fénéon (1948), G. Lagorce, Les Héroïques, nouvelles, La Table Ronde (1980), l’intégrale des recueils de M. Petit, 1983, 1986 + 43 inédits, Histoires à n’ en plus finir, 1969-1997, les trois premiers recueils, 1970, 1973, 1974, de G. Prévôt, Le Démon de février, Fleuve Noir, « Bibliothèque du Fantastique », R. Topor, Four Roses for Lucienne, Bourgois -1967 – avec l’étiquette cette fois de « nouvelle » dans la notice au verso)
  • des publications posthumes : A. Fraigneau, Dame au lac, nouvelles, Ed. du Rocher (6), Ch. Renard, La Mante au fil des jours, suivi de 17 nouvelles, Fleuve Noir, « Bibliothèque du Fantastique » (37)
  • les publications en Librio : 2 florilèges : R. Barjavel, Béni soit l’atome et autres nouvelles (n°261 : 6 textes tirés du Prince blessé avec Les Enfants de l’ombre, La Fée et le Soldat et autres nouvelles, 1974), V. Ravalec, Joséphine et les gitans et autres nouvelles (n°242 : 6 textes tirés de 4 recueils antérieurs) et un recueil original : J. Cl. Izzo, Vivre fatigué, nouvelles (n°208)
  • les revues : XYZ (n°53- 56), L’Encrier Renversé (n°39-40), Harfang (n°14 : sur J. Sternberg), Brèves (n°54, 55), Nouvelle Donne (n°16) – un n° spécial de revue : Apparition (11) nouvelles fraîches du Jardin (Le Jardin d’Essai)
  • l’été 98 voit la parution dans la presse de séries de nouvelles (les gens ne liraient-il ou ne devraient-ils lire des nouvelle qu’en été ? Quelle idée réductrice de la nouvelle donne-t-on ?, mais elle se répand…) : Ouest-FranceLe Monde(nouvelles de « grands »(!) écrivains), TéléramaLibération (nouvelles noires), Elle (nouvelles détachables : le choix se porte abord sur des noms commerciaux : Ormesson, Modiano…)
  • des ouvrages critiques : La Nouvelle, un genre indécis, Université de Bourgogne, Centre de Recherches. Le Texte et l’Edition (7 articles, sous la direction de M. Erman – on lira J. Fulgence, as à cheval sur l’étiquette plutôt que l’inévitable article de D. Grojnowski sur Poe), Ph. Andrès, La Nouvelle, Ed. Marketing (prend en compte plusieurs nouvellistes du XXe siècle)
  • ces disparitions : D. Aury, J. Green, G. Leroy,B. Lowery, J. Malaquais, R. Montal, Ch. Rochefort.

 

6. Coups de cœur :

Publié dansLe liseur de nouvelles