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Les éditeurs

Si je n’ai eu qu’à me féliciter des éditeurs chez qui j’ai publié régulièrement, c’est qu’ils m’ont laissé la liberté de travailler comme je l’entendais, ne mettant jamais en cause le ton si peu académique que je revendique et les parti-pris de lecture qui en agacent plus d’un (voir ci-dessous).
J’ai néanmoins certains regrets à faire valoir.
C’est l’Atelier du Gué qui ne publia pas le tome III de mes Nouvellistes contemporains de langue française (il devait rassembler des textes de Stéphanie Corinna Bille, Gilbert Cesbron, Pierre Gascar, Pierre Gripari, Jacques Perret, Marcel Schneider, Charles-Ferdinand Ramuz, Yves Thériault, André Wurmser), parce que Daniel et Martine Delort ne réussirent pas à s’entendre avec les maisons d’édition des auteurs choisis sur les droit d’éditeur à verser, qu’ils jugeaient à raison excessifs. (Je hais les droits d’éditeur)
C’est Michel Slatkine qui, lors d’une rencontre à Genève en 1993, m’avait proposé, pour la collection de poche « Fleuron » qu’il mettait sur pied, de diriger une section consacrée aux recueils de nouvelles, projet qui ne vit jamais le jour parce qu’il avait préféré publier d’abord (mais ce sera un échec) des textes plus connus, c’est-à-dire plus commerciaux que des nouvelles (Je hais les textes commerciaux)
Je n’en veux pas non plus finalement à la directrice d’Omnibus. Après tout, elle m’aura permis, avec cette anthologie de nouvelles du XIX° siècle, d’exhumer tant de beaux textes, qui sont le plus bel hommage que je puisse rendre à la nouvelle d’un siècle.
Par contre, je n’ai pas à me réjouir d’expériences récentes.
C’est la décision, pas trop grave, de la directrice des Mille et une nuits, autre personne charmante, de ne plus répondre sans la moindre justification, après la publication en 2002 du texte de Alexandre Dumas, François Picaud, histoire contemporaine, à mes propositions ultérieures d’autres textes aussi peu connus (j’avais songé à Léon Gozlan, Léon Bloy, Jean Richepin), propositions qu’elle avait sollicitées (en chercheur appliqué, je lui avais fait parvenir un dossier). Dommage, car recevoir 230 euros pour quelques pages de postface qui ne m’avaient pas donné beaucoup de peine, c’est bien payé…
C’est la décision, courant 2003, très grave elle, du successeur chez Droz de Alain Dufour (dont j’avais pu tout au long de trente ans apprécier la compétence) de ne publier le tome III de ma Bibliographie critique de la nouvelle d’expression française qu’à la condition express de lui envoyer une « camera ready copy », c’est-à-dire pour être clair (il m’en aura fallu du temps, et pas seulement moi, pour comprendre) qu’il fallait envoyer un texte prêt à l’impression . Et encore la publication du volume était-elle assortie d’une autre condition express : celle de mettre sur pied un CDROM à partir des trois Bibliographiesrefondues en une seule. Je n’avais tout simplement (ce n’est pas moi qui le dis) qu’à me mettre à « couper et à coller » (il y a quand même plus de cinq cents pages de répertoire !). Comme je vieillis et préfère découvrir des nouvelles que de m’appliquer « à couper/coller » (ce que je sais pas faire d’ailleurs), il ne me restait plus dés lors qu’à déserter une maison, qui vous fait en sus le reproche du peu de ventes de vos textes. Diable, je ne savais pas que Droz était devenu Carrefour…

Publié dansNouveaux souvenirs d'un liseur de nouvelles