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Les Festivals de la nouvelle à Saint-Quentin

Les festivals de la nouvelle à Saint-Quentin (pas dans les Yvelines comme on le croit encore), ce sont mes retrouvailles habituelles avec une série d’auteurs que j’ai appris à apprécier, Georges-Olivier Châteaureynaud, Pierre Gripari, Gilles Pellerin…, avec d’autres visages sympathiques comme Christiane Baroche, Paul Fournel, Jacques Bens…, avec des éditeurs de revues Christian Congiu, Gilbert Charpentier, sans oublier ces quelques-uns qui m’ignorent ostensiblement. J’aime errer dans ce Salon de la nouvelle, ouste le roman : on ne veut pas de vous, même s’il reflète peu la diversité de la nouvelle contemporaine. J’ai expliqué ailleurs pourquoi cette fête annuelle n’est celle que de certains nouvellistes (comme je comprends Alain Nadaud, Hubert Haddad, Roland Topor, qui n’y sont plus revenus), pourquoi la Bourse Goncourt de la Nouvelle récompense de moins en moins les meilleurs, et je n’y reviendrai pas. (1) Je préfère évoquer ici ces souvenirs, plus amusés que désagréables que j’ai accumulés au fil de sept festivals, de 1985 à 1991.

C’est Jean Vautrin, sans doute le plus carriériste des nouvellistes actuels, qui glissa, en 1985, à l’oreille de Hervé Bazin que, ma foi, il serait intéressé à recevoir la Bourse Goncourt de la Nouvelle, et qui, comme c’est bizarre, l’obtint l’année d’après (conversation entendue par le plus grand/fâcheux des hasards dans les couloirs du Festival : éclairant, non ?).

C’est Daniel Boulanger qui, en 1985, n’y alla pas par quatre chemins pour m’expliquer pourquoi il n’avait pas répondu à mes lettres : c’est que j’étais ce « con » (authentique) qui ne l’avait pas cité dans son étude des P. U. F. (de fait, l’oubli était impardonnable).  Quel personnage que ce Boulanger ! – comment ne pas me souvenir que c’est moi, la même année, qui lui révéla le nom du lauréat de la Bourse Goncourt (cocasse, non ?)

C’est en 1986 le spectacle de la nouvelliste Gabrielle Rolin, quittant, tête basse, ignorée de tous, la salle dans l’instant où venait d’être rendu public le verdict des Goncourt, attribuant la récompense à un de ses « confrères » (navrant, non ?).

C’est la première directrice du Festival, qui, après m’avoir cordialement sollicité pour la mise en place des journées de 1985, ne songea plus à m’inviter, ni à m’adresser le moindre programme des festivals ultérieurs – moi qui, lors de son passage à Liège, lui avait offert de vieux albums Pilote ! (désolant, non ?)

Ce sont ces demandes répétées à certains, dont Alain Absire, de rédiger un texte pour mes enquêtes auprès des nouvellistes contemporains, une suite de promesses verbales jamais tenues (enrageant, non ?).

Ce sont, au cours des premières années, en plein repas du soir, ces lectures de nouvelles d’auteurs invités, faites par des comédiens assez balbutiants il faut le dire, et que personne, occupés à manger et à boire, n’écoutait – comme j’ai approuvé que Marianne Auricoste, la directrice du « Champ des Mots », qui défend la nouvelle en organisant elle-même, des lectures mais dans des endroits autrement appropriés, ait pris la porte (affligeant, non ?).

C’est ce spectacle – qui vaut la peine, croyez-moi – des auteurs de nouvelles, ce presque quart monde de l’édition l’ai-je déjà écrit, qui côtoient les monstres (sacrés) du Goncourt, pleins de suffisance, comme ennuyés de participer à pareilles manifestations « provinciales » (triste, non ?).

C’est cette idée, exaspérante, de savoir que de bons nouvellistes (Noël Devaulx, Marcel Béalu, Henri Thomas, Jacques Perret…) n’ont jamais été invités alors que d’autres sont là (Cordebard, Gibeau, Vanhove… : c’est qui ça ?).

C’est en 1991 ce journaliste de FR3 à qui j’avais sorti, en guise de boutade évidemment, qu’il avait affaire au spécialiste « mondial » de la nouvelle, et qui, au moment de me présenter à une émission en direct, me signala comme tel (rigolo, non ?).

C’est Pierre Maury du Soir, un journal belge, qui rendit compte du Festival 1991 sans mentionner mon nom alors que, cette année-là, j’avais été, grâce à l’obligeance de la nouvelle directrice, un des invités d’honneur (sans commentaire).

C’est enfin le fait d’apprendre en 1994 que j’étais devenu persona non grata. Cette disgrâce (je m’en suis remis), je la devais à l’intervention influente de Jean-Pierre Cannet, jeune nouvelliste au gros cou, dont la chose est plaisante, j’ai toujours dit du bien, mais qui ne supporta pas, un soir du Festival Nova (voir plus loin), de m’entendre critiquer cet autre festival à qui il doit tant. (Indiscrétion rapportée par quelqu’un dont j’ai juré de taire le nom).

(1) Voir mon Premier Supplément, p.235

Publié dansSouvenirs d'un liseur de nouvelles