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80. Vincent Ravalec, La Profanation dans les cimetières (1999)

80. Vincent Ravalec, La Profanation dans les cimetières
(Treize contes étranges, 1999 – J’ai Lu 5799)

Un Noir, SDF, à qui on avait promis jadis une belle carrière de joueur de football, vit avec sa fille dans un terrain vague de la Plaine Saint-Denis. Quand des loubards la laissent morte après l’avoir violée, il l’enterre au beau milieu de la Plaine. Qui va devenir le Stade de France…..Lui ne songe qu’à récupérer le corps de sa fille. En désespoir de cause, il décide de tout faire sauter le jour du match inaugural. Mais il se met d’abord à suivre le match…

 

Les mœurs – 19 pages – **

La désespérance totale des années 90 (rythmée par un poème d’Aragon : « Ils vous détruirontvous humilieront et prendront la maison de vos morts. », p.75)

« Son cœur battait telle une horloge atomique et il avait décidé de différer un tout petit peu le moment parce que le match allait commencer et que soudain il était curieux de voir au moins le début, avant de tout faire péter, avant le feu d’artifice final, et de toute façon ça ne changerait rien pour Aurore, et à l’instant où il se disait ça : « De toute façon , ça ne changerait rien », il avait pris conscience de cette évidence. Au centre du terrain, le dessin que faisaient les lignes blanches entremêlées semblait contenir maintenant toute sa tristesse, et cette tristesse à ce moment-là était empreinte de quelque chose qui ressemblait à de la douceur […] et puis le match avait commencé et il n’avait plus trouvé le moyen d’organiser ses pensées de manière cohérente, de trouver un moyen, de réalimenter sa haine et sa rage, il s’était contenté de hocher la tête en cadence des mouvements du ballon, quelqu’un avait dit ça mon pote ça va être une belle partie, quand tu penses que c’est la première au Grand Stade, c’est tout de même historique d’être là, et il avait opiné, le type avait raison, ça allait être une bonne partie et il n’y avait pas de raison de la gâcher. Somme tout, là où il en était, rien ne pouvait plus vraiment avoir d’importance. » (p.80-81)

Publié dansUn tour du monde de la nouvelle du xxe siecle en 80 textes